États-Unis 2014

Une vision de l'Amérique profonde

Une vision de l'Amérique profonde

Aujourd'hui, on quitte Chicago pour quelques jours afin d'aller faire un petit tour en Iowa. Ce n'est pas bien touristique alors qu'est-ce qu'on peut bien vouloir y faire ? Et bien nous allons rencontrer pour la première fois une parente éloignée.
Un peu de généalogie : la grand-mère de ma grand-mère avait un frère, Joe, qui a choisi de déserter de l'armée allemande au début des années 1900 (l'Alsace était allemande à ce moment-là) pour s'installer aux États-Unis. Il s'est d'abord retrouvé en Illinois avant de s'installer pour de bon en Iowa. Ce Joe était le grand-père de Margaret, une femme de 70 ans avec laquelle je suis en contact via internet depuis cinq ans. Ce sont ses sœurs qui avaient fait des recherches et qui avaient retrouvé la partie française de leur famille qui vit en Alsace, dont nous faisons partie. Elle est venue plusieurs fois en France et connait bien mes grands-parents paternels. Nous ne sommes que les deuxièmes à aller lui rendre visite.

On a plusieurs heures de route devant nous avant d'arriver à Washington, IA mais on avait choisi d'éviter l'autoroute : trop banal et ennuyant. La sortie de la ville est longue : une ligne droite, des feux à tous les carrefours sur plus de 50 km... De petites villes collées les unes aux autres à n'en plus finir : Geneva, Sycamore (très jolie), Glen Ellyn, etc., ce qui nous prend plus d'une heure avant de voir nos premiers champs de maïs. On ne verra quasiment plus que ça jusqu'à l'arrivée. Et finalement ça ne nous dérange pas tant que ça.

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On a un sentiment de liberté incroyable sur ces routes, au milieu de nulle part, avec de la musique Country dans les oreilles, à croiser ces trucks américains. Plus on s'éloigne de la ville, plus on croise de pick-ups… Au revoir les berlines. On est en train d'entrer dans l'Amérique profonde et ça nous plait ! On est loin de tout, loin de notre quotidien. On se rend compte depuis le début de ces vacances que les endroits plus éloignés des villes nous semblent de plus en plus intéressants. San Francisco est peut-être la seule grande ville qui nous intéresse encore un peu. Pour le reste c'est décidé, les prochains voyages se feront plus dans la nature.

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Ça nous fait un peu penser à la Lorraine mais en beaucoup plus grand. Des champs sur des kilomètres puis on aperçoit une grosse maison, une ferme. Et c'est tout. D'ailleurs personne n'aura su me dire pourquoi les fermes sont peintes en rouge… Tout d'un coup, on voit un petit avion voler dans notre direction, quasiment au-dessus de la route et presque en rase-motte.

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Finalement l'Iowa n'est pas si plat que ça, contrairement à ce qu'on peut penser. Par contre, les lignes droites… On trouve ça extrêmement difficile en conduisant. Non pas que ce soit compliqué, mais plutôt vraiment épuisant.

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Après plus de 3h de route, on s'arrête au Mississippi Palisades State Park pour le déjeuner. Quoi de mieux qu'une pause le long de ce fleuve si mythique ? Il n'y a personne, c'est d'un calme ! En arrivant on longe un train d'une longueur effarante : des citernes à n'en plus finir !

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Alors qu'on mange notre casse-croûte, on entend un sifflement de train. Oups… Pour se garer sur ce parking on a traversé une voie ferrée. Si le train est aussi long que celui qu'on a vu en chemin, on n'est pas près de ressortir. Au final, il y en aura deux à quelques minutes d'intervalles : un avec plus de 90 wagons-citernes (oui, je les ai comptés !), l'autre avec des conteneurs sur deux étages. Temps de passage : près de 2 minutes chacun.

On redescend ensuite vers Savanna, IL puis on essaye de prendre le chemin le plus direct vers Washington, IA. On a encore de longues heures de route devant nous… On se croirait dans Cars avec ces highways séparées par un terre-plein central !

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On fait un petit arrêt à Colombus Junction pour appeler Margaret et la prévenir de notre arrivée imminente. C'est la première fois que j’entends sa voix. Elle sait tout de suite que c'est moi et me gratifie d'un "Hello bonjour !" avec un grand sourire. Ça s'entend.

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Après une autre vingtaine de minutes de route, on arrive enfin. Alors qu'on gare la voiture le long de la route devant sa maison, elle nous accueille littéralement les bras grands ouverts. Un American Hug parfait. Enfin, on se rencontre après tous ces emails échangés.
Elle nous fait mettre la voiture dans son allée alors que la sienne est le long de la route. Il ne faudrait pas qu'il lui arrive quelque chose à cette voiture de location.
Elle travaillait dans un lycée français de San Fransisco, elle parle donc un peu français. Elle nous demandera d'ailleurs la langue qu'on préfère parler avec elle : va pour l'anglais, ça nous fera nous exercer !

Il est à peine 18h et elle nous demande déjà si on veut manger ou si on préfère rentrer les valises avant. On a mangé il y a à peine quelques heures, on décide donc de d'abord visiter la maison et de prendre nos marques. Une "vraie" maison américaine en bois dans un quartier résidentiel d'une petite ville d'environ 7 000 habitants en plein milieu de l'Iowa : un vrai plongeon dans l'Amérique que peu de personnes visitent, une immersion dans la vie américaine, loin des grandes villes. Elle a même son abri anti-tornades dans la cave, dont elle a déjà eu à se servir.

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Des T-shirts à l'effigie des Hawkeyes de l'Iowa (équipe de football américain) nous attendent en guise de cadeau de bienvenue. Tout comme plusieurs sortes de gâteaux. Elle nous fait tout de suite penser à notre grand-mère : accueillir les gens à bras grands ouverts et préparer je ne sais combien de gâteaux quand elle sait que quelqu'un vient lui rendre visite. On se sent à la maison, alors qu'on est à plus de 7 000 km de la maison. Impensable et pourtant.

Margaret était en train de préparer le dîner à notre arrivée, elle continue donc en nous demandant plus précisément ce qu'on veut. Salade ? Elle me regarde avec le sourire "Oui, je sais que toi tu n'en manges pas !" J'avais préféré la prévenir de mes préférences culinaires. Elle s'y accommodera très bien.

Après le repas (de fête !), direction l'église de la ville pour une connexion internet afin d'écrire un message à nos parents pour les prévenir qu'on est bien arrivés et que tout va bien. Oui, elle n'a pas internet chez elle et très peu de réseau téléphonique. On fera sans pendant ces quelques jours, il y aura assez à faire…

On fait un petit tour dans la ville en marchant sur la route : "C'est plus sûr que les trottoirs," nous dira-t-elle, puisque les trottoirs sont en très mauvais état. "Pas de panique, personne ne va nous écraser." Avec ses baskets aux pieds, elle a beau avoir 70 ans, elle a plus d'énergie que beaucoup de jeunes d'aujourd'hui. En ça aussi, elle nous rappelle notre grand-mère.
On s'arrête au marchand de glaces. Il faut en profiter, dans quelques jours il va fermer ses portes pour la saison. Ben oui, qui mange des glaces en hiver ? On mange notre glace sur la terrasse en parlant de notre vie en France, de la sienne ici, de sa famille, de nos grands-parents…

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Il fait nuit quand on revient à la maison (photo prise le jour suivant). On lui offre nos cadeaux, on lui montre quelques photos de nos grands-parents quand ils nous emmenaient en voyage quand on était petits, on parle des différences entre la France et les États-unis… Elle nous le dit : si grand-père Joe était en vie aujourd'hui, il rentrerait en Alsace. Le rêve américain n'est plus ce qu'il était et les problèmes sont tout aussi importants qu'en France.

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